vendredi 25 mai 2012

Le mouron, c'est quoi ?

"J'me fais du mourron.", "j'm'inquiète.", "je me fais de la bile", ou de façon plus actuelle, "j'angoisse." ou "je stresse".

Ce faire du mouron, c'est pensé à demain ou hier
Ce faire de la bile, c'est effectivement s'intoxiquer... l'esprit... jusqu'à en avoir des symptômes physiques : indigestion, mal de crâne, boule au ventre, etc.
Angoisser, c'est voir ce qui se passe avec une expérience passée.
Stresser, c'est imaginer, au point d'y croire, l'avenir comme vous ne voudriez surtout pas le vivre.
Bref, l'état d'inquiétude met en évidence que vous n'êtes plus en mesure de voir ce qui se passe comme cela est.

Vous voyez les faits comme vous les imaginez, soit avec un schéma connu, c'est à dire, avec le souvenir d'une expérience passée, soit avec un schéma totalement inconnu regroupant ce qui pourrait vous arrivez de pire d’après vous.
Vous entendez parler de difficultés dans le secteur de votre entreprise et vous pensez : "J'ai été licencié... Je sais  comment ça se passe... Je vais faire partie de la prochaine charrette... Ca y est... Et ma femme va pas comprendre... qu'est-ce que je vais bien lui raconter ce soir ?"
Votre expert comptable vous transmet un courrier des services fiscaux, aussitôt vu le sigle de l'institution, vous pensez :"Je suis victime de délation... non, pas un contrôle, s'il vous plait pas un contrôle... c'est pas le moment...(si si lorsque le stress vous prend vous dites des choses comme celles-là.)".
Vous n'êtes pas dans le "ici et maintenant".
Vous êtes dans vos craintes, vos peurs. Vous êtes dans un ailleurs qui n'existent que pour vous... et en quelque sorte pour les autres stressés qui vous entourent et partagent les mêmes craintes.
Vous êtes alors munis de lunettes qui vont vous déformer la réalité : un ton perçu, un geste interprété, un silence inopportun... Oui, extérieurement, nous pourrions parler d'une forme de paranoïa. La seule différence, c'est que la paranoïa s'avère lorsque les symptômes sévères déclarent la pathologie.

Lorsque vous êtes sous l'influence de l'angoisse et du stress, vous êtes persuadé de percevoir les choses comme elles sont, c'est à dire totalement en lien avec votre personne ou à votre perception.
Comment peut-on prendre la bonne décision dans ces cas là ?
Il y a en effet peu de chance d'être dans le juste.
Que faire lorsque vous vous rendez compte que vous "glissez" dans un film dont vous êtes l'anti héro ?

A la prochaine occasion, lors d'une montée de stress :
Une première chose, demandez vous ce qui vous fait dire cela. Interrogez vous sur ce que vous vous êtes dit à voix haute ou intérieurement et voyez quel est le lien avec la situation en cours. Faites appel à votre bon sens qui ne peut que s'appuyer sur des faits. L'imprécision génère du stress. Cherchez des précisions : un complément d'information est toujours nécessaire. Ecartez tout "on m'a dit". Les avis ou les opinions ne sont pas des faits. Privilégiez les faits, toujours des faits pour déterminer la situation. C'est uniquement sur des faits que vos élaborations peuvent s'appuyer.
La seconde chose, pincez vous très fort le genou ou le coude... essayez et vous me direz.

Reprenons nos exemples.
Vous entendez parler de difficultés dans le secteur de votre entreprise. 
Désamorçage.
Vous a t-on dit que votre entreprise fermait ses portes ? NON.
Est-on venu à vous pour vous dire que votre poste allait être supprimé ? NON.
Discernement.
Quelles sont les difficultés exactement ? Qu'est-il annoncé par la com' interne ? Un dépôt de bilan serait-il en question ?

Votre expert-comptable vous transmet un courrier des services fiscaux. 
Désamorçage. 
Vous transmet-il les courriers lorsqu'ils sont graves ou importants sans vous prévenir avant ? NON.
Discernement.
Quelles sont les situations où il procède ainsi ?
Cet organisme est en contact avec votre entreprise à plusieurs niveaux, pour de multiples raisons : pourquoi imaginer un redressement ?

Si le raisonnement ne vous convainc pas : pincez vous... là où je vous ai dit... ce n'est pas pareil sinon, et le résultat est moins garanti.
L'être humain a une capacité phénoménale pour extrapoler et partir dans l'intellectualité : dans ce cas là, le stress devient tout puissant surfant sur cette capacité.
Le fait de se pincer, surtout en un endroit insolite et en mouvement, vous rappelle à votre présence, à votre corps. La douleur fait vous décrocher voire interrompe le train d'enfer dans lequel votre esprit était parti.
C'est ce qui s'appelle "revenir à ses esprits" ou  du moins à un meilleur entendement.

Dans les deux cas, votre réaction révèle une peur. Peur de ne plus avoir d'emploi ? Peur de ne pas se sentir à la hauteur devant sa femme ? Peur de la jalousie ? Peur des administrations ? Peur de commettre des erreurs de gestion ?

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