Il est intéressant de décomposer cette expression qui
appelle à la notion de communication et à la notion de non violence. Dans notre
cadre précis (et finalement qui aurait bien du bon sens d’être dans tous les
cas de figure), la notion de communication fait appel à l’empathie. D’abord la
sienne, il est nécessaire d’éveiller son empathie et sa sensibilité de soi pour
être authentique face à l’autre. Puis faire appel à l’empathie de l’autre :
l’éveiller à vous recevoir pour qu’il s’ouvre à son tour.
La notion de non violence apporte une belle relativité à ce
qui est considéré comme violent lorsqu’on parle. Un juron bien grossier est
violent tout autant qu’un ton autoritaire ou humiliant. Se laisser emporter par
la colère est violent pour le coléreux et pour celui qui la reçoit.
Voyons dans la vraie vie à quoi cela peut ressembler.
Prenons l’exemple, d’une maman qui travaille à son domicile.
Elle est occupée sur son ordinateur. Nous sommes mercredi et son enfant de 6
ans est auprès d’elle. Il joue dans la pièce d’à côté. Il vient vers elle et
lui demande de venir jouer avec lui. Elle refuse évidemment en lui soulignant
qu’elle travaille et qu’elle ne peut pas. L’enfant maugrée et retourne à ses
jouets. Se passent quelques minutes et il revient demandant son goûter. « Mais
ce n’est pas encore l’heure, je t’appellerai, laisse maman
travailler, c’est important ». Un petit moment se passe encore et puis, la maman
remarque que l’enfant fait de plus en plus de bruit.
Elle veut réagir.
L’enfant émet des signes pour attirer l’attention de sa
mère. Il n’est pas question de la déranger mais plutôt d’un besoin qu’il
cherche à formuler.
La maman ne répond pas à son besoin puisque concentrée sur
son travail, aussi elle « expédie » les interventions de son enfant. Elle aussi a un besoin.
Lorsqu’elle lui répond « Laisse maman travailler,
c’est important », l’enfant entend émotionnellement que son besoin ne l’est
pas.
La réaction de la maman est déterminante pour rééquilibrer
la communication.
Entendant son enfant taper, parler fort même chanter en s’agitant,
elle ressent la nécessité de faire arrêter ce chahut.
La communication non violente, c’est ceci.
La maman va posément dans la pièce où joue son enfant et lui
dit doucement « Thomas, pourquoi fais-tu tout ce bruit ? Tu sais que
je travaille à côté. Qu’est-ce qui ne va pas ? ».
L’enfant semble boudeur, ralentit le bruit. « Te sens-tu
triste, Thomas ? » dit-elle en s’approchant de lui.
Thomas la regarde, le regard qui s’embrume et il acquiesce.
« Dis-moi ce qui te rend triste ? »
Le ton de la bienveillance fait toute la différence et
permet à l’autre de se sentir en confiance pour parler.
-
- Tu as dit que ton travail est plus important que moi.
- Thomas, je t’ai demandé de me laisser travailler parce qu’il est important que je termine ce travail. Pourquoi crois-tu qu’il est plus que toi ?
- Parce que je voudrais que tu joues avec moi et tu préfères ton travail.
- Je comprends que tu veuilles que nous passions un moment ensemble. Mon travail nous permet de gagner l’argent qui nous permet d’acheter ce dont on a besoin comme tes jouets par exemple. C’est pour cela qu’il est important. J’ai besoin de me concentrer pour le faire bien et le terminer rapidement. Je me sens mieux si je fais bien les choses. Lorsque tu finis ta leçon, ne te sens-tu pas content ?
- Si.
- C’est pareil pour moi. Je vais terminer mon travail pour l’heure du goûter et je te propose que nous le partagions ensemble. Es-tu d’accord ?
- Thomas, je t’ai demandé de me laisser travailler parce qu’il est important que je termine ce travail. Pourquoi crois-tu qu’il est plus que toi ?
- Parce que je voudrais que tu joues avec moi et tu préfères ton travail.
- Je comprends que tu veuilles que nous passions un moment ensemble. Mon travail nous permet de gagner l’argent qui nous permet d’acheter ce dont on a besoin comme tes jouets par exemple. C’est pour cela qu’il est important. J’ai besoin de me concentrer pour le faire bien et le terminer rapidement. Je me sens mieux si je fais bien les choses. Lorsque tu finis ta leçon, ne te sens-tu pas content ?
- Si.
- C’est pareil pour moi. Je vais terminer mon travail pour l’heure du goûter et je te propose que nous le partagions ensemble. Es-tu d’accord ?
La communication non violente, c’est ne pas présumer que l’autre
veut vous nuire, vous déranger, vous agresser intentionnellement. La
communication non violente, c’est parler à l’autre sans lui nuire, l’agresser
ou le déranger. La communication non violente, c’est accueillir l’autre pour qu’il
vous accueille aussi afin de recréer des liens d’échanges où chacun se sent
respecté et en mesure d’être lui-même.
Chacun de nous a la nécessité d’exprimer
son ressenti. Bien souvent les protocoles et les situations nous incitent à
croire qu’il vaut mieux les taire. Mais une colère ou un ressentiment n’est qu’un
masque à la réalité de ce qui est ressenti.
Nous sommes à la source de tant de malentendus lorsque nous
taisons nos ressentis.
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